Noces de diamant de Jeanne André et Raymond Pierre
Ce jour-là, il a plu toute la journée.
Jusqu'à son mariage, Jeanne secondait son père Léonard André. C'était un industriel armurier, le seul employeur
à Housse. Il occupait une cinquantaine d'ouvriers en atelier à Housse et, en plus, des armuriers indépendants qui travaillaient à domicile. Chaque semaine, Jeanne allait rechercher les pièces façonnées par les armuriers
à domicile. Mais, à l'âge de 24 ans, Jeanne laissa tomber l'armurerie pour trouver son bonheur à l'ombre des terrils de Campine.
Raymond y était déjà depuis sa sortie de l'Ecole des Mines en 1951. Pendant 40 ans, d'après un comptage précis, il est descendu 6000 fois dans la mine, soit 3000 fois au charbonnage de Houthalen, puis 3000 fois au charbonnage de Winterslag. Et après...? "Glück auf" ("Au bonheur là-haut") comme disaient les mineurs alle-mands en remontant du puits.
Les derniers charbonnages de Campine ont été fermés en 1992. Retraités, Jeanne et Raymond sont revenus à Housse. Mais le village avait bien changé. Lorsqu'ils l'avaient quitté, Housse bourdonnait d'activités. C'était un village d'armuriers et de mineurs. Mais les armuriers et les mineurs avaient disparu. Housse était devenu un village-dortoir.
Jeanne et Raymond sont les derniers témoins de deux mondes disparus : le monde des armuriers et le monde de la mine.
Ainsi va la vie...
JPA le 17/08/17 à 12:03